Le propriétaire d'une boîte de nuit découvre un traffic de drogue dans son propre établissement. De plus, il se retrouve accusé d'un double meurtre alors qu'il est innocent...
L'avis du cinéphile : Entre 1969 et 1987, Belmondo tourne une longue série de divertissements populaires communéments rangés sous la bannière "Bébel". Une période où l'acteur abdique souvent devant les projets difficiles pour tourner des produits sans risque. Compréhensible et, à dire vrai, agréable dans son genre. Le problème vint plutôt du manque d'exigence de la plupart de ces machines parfaitement huilées mais souvent vaines. En ressortirent néanmoins quelques films solides quoiqu'inégaux (Le casse, Peur sur la ville, L'alpagueur...) et au moins trois franches réussites : L'héritier, Le corps de mon ennemi et Flic ou voyou. Disons-le franchement, et ce en dépit d'un succès en salles qui à l'époque fut globalement mitigé, Le corps de mon ennemi restera le chef-d'oeuvre de cette foisonnante et curieuse période.
En effet, Belmondo tourne ici probablement ce qui restera comme le meilleur film de son association avec Henri Verneuil, pour un résultat à la fois étonnant et judicieux. Un vrai drame social (aux limites du thriller), riche, subtil, remarquablement échafaudé, et servi par une distribution exceptionnelle (quelques-uns des meilleurs seconds rôles de l'époque y jallonent le récit). L'atmosphère rurale d'une ville de Province, renfermant en elle les pire vices d'une bourgeoisie infecte et pourtant si réaliste, y est parfaitement retranscrite. N'oublions pas non plus les puissants dialogues de Michel Audiard, toujours très concerné lorsqu'il est question de tirer sur le "corps bourgeois", à l'instar de son travail sur Mort d'un pourri l'année suivante. Le corps de mon ennemi est non seulement un film hautement recommandable, mais aussi un témoignage de son temps, d'une certaine France qui s'est par ailleurs considérablement renforcée aujourd'hui. Les années 1970 dans ce qu'elles avaient de meilleur au cinéma : frondeuses, pertinentes, passionnantes, en contradiction presque totale avec un cinéma français actuel très édulcoré. Un classique.
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